Energie intelligente : comment l’information va révolutionner notre mode de consommation d’énergie

Piloter et anticiper les consommations d’énergies, c’est possible à partir du moment où les utilisateurs sont sensibilisés tant en termes de contrôle de systèmes ingénieux que d’habitudes à changer. Pour répondre à une demande croissante et des énergies toujours plus précieuses, la responsabilité des consommateurs s’avère essentielle.

Des utilisateurs bien différents et dissipés

Cela semble tout à fait courant d’ouvrir ses fenêtres pour aérer chez soi. Et pourtant, lorsque le temps d’ouverture est trop long, aussi bien en été qu’en hiver, les pertes énergétiques sont importantes. En été, la chaleur rentre, et l’emploi d’un climatiseur d’appoint devient une habitude. En hiver, le froid rentre et les radiateurs chauffent pour rien. Pourtant cinq minutes suffisent pour aérer une pièce.

Cet exemple de la vie quotidienne n’est pas anodin, tout comme le fait d’oublier d’éteindre la lumière dans une pièce. Les plus gros gaspilleurs d’énergie ne sont pas forcément les particuliers d’ailleurs. Il suffit de prendre l’éclairage nocturne public, ou encore les collectivités surchauffées, comme les écoles où les fenêtres sont ouvertes pour évacuer le surplus de chaleur… plutôt que d’anticiper cela en réglant (si cela est possible) l’intensité du chauffage collectif par une programmation ou un bouton à tourner tout simplement.

Des enjeux de transition énergétiques globaux aux responsabilités locales

Certes, la transition vers des énergies diversifiées complexifie le mode de consommation. Mais la transition énergétique passe en premier lieu par le changement des comportements des consommateurs, qui se doivent d’être responsables. Et ce sont les collectivités locales qui montrent le bon chemin.

Le projet Greenlys justement permet de mieux impliquer les usagers en local aux enjeux globaux de demain. Ce projet est pilote dans les municipalités de Lyon et de Grenoble où des usagers qui sont aussi bien particuliers, que professionnels en local comme Schneider Electric, sont invités gratuitement à tester des moyens révolutionnaires qui permettent de consommer l’énergie intelligemment.

Comme l’indique Olivier Sala, le Directeur Général de Gaz Electricité de Grenoble (GEG), partenaire du projet Greenlys pour la communauté Grenobloise, « rendre le consommateur actif est fondamental […] afin de maîtriser et comprendre [sa] consommation d’énergie ». Il s’agit d’un essaimage tout à fait vertueux, puisque les économies d’énergies générées pour les « cobayes », qui se répercutent dans leur porte-monnaie, vont permettre de diffuser une information tout à fait fiable. Cette implication des utilisateurs permet d’anticiper des phénomènes de très grande ampleur qui vont arriver très prochainement.

Rendre plus flexible la production en amont

Les grandes migrations énergétiques vers les énergies renouvelables exigent une gestion très fine du réseau global. Les diverses origines énergétiques -l’éolien et le photovoltaïque notamment- doivent être très intelligemment distribuées, compte-tenu des pics de production dépendants du vent et de la météo. Cette architecture de gestion se retrouve désormais sous le vocable de « smart grids », qui auront pour vocation de gérer les aléas de sources d’énergies multiples et décentralisées face à une demande croissante. En l’absence de gestion, c’est tout un pays qui peut grelotter et se retrouver dans le noir le plus complet de manière durable, mais des initiatives plus importantes que des villes isolées commencent à naitre.

En Vendée, aux côtés d’ErDF (Direction technique), RTE, Actility, Alstom, Legrand et le Cnam, et sous la coordination du SyDEV, la société Cofely Ineo met en œuvre un système d’information inédit pour la gestion et le suivi de la  production d’énergie d’origines diversifiées. L’ensemble est contrôlé et aiguillé sur une zone géographique vaste et hétérogène tant du point de vue physique qu’humain. Côté consommateur, le système pilote et suit des installations communales, des bâtiments publics, des éclairages publics, aussi bien sur des sites industriels que chez des particuliers.

Une cité du futur pérenne en approvisionnement permanent d’énergie

L’important reste de ne pas se retrouver dans le noir. En cas de coupure de courant, les industries s’arrêtent, les machines se cassent, les produits en cours de fabrication sont à jeter… Alors, compte tenu de cette multiplicité des sources de production d’énergie aléatoires, il est important aussi de pouvoir stocker l’énergie et de moduler les origines. Jean-Michel Steinmetz, responsable des activités Smart Grid chez Cofely Ineo, indique clairement que la « flexibilité des consommateurs [d’énergie] n’est pas infinie, et au lieu de brider la production, le stockage apparaît comme une solution de régulation ». Dans la zone de Toulouse, le projet pilote Smart ZAE permet de stocker de l’eau chaude, soit encore de l’énergie, et ainsi de garantir un approvisionnement fiable grâce à la cogénération chaleur/électricité, associée à un arbitrage chauffage gaz/électricité. Ce projet lancé à l’initiative de Cofely Ineo « vise à démontrer qu’une zone d’activité économique (Z.A.E.), grâce à des moyens de production d’énergie renouvelable, de stockage et de gestion technique centralisée, peut constituer une brique élémentaire du réseau de distribution électrique », explique Carlos Moreno.

Pour le moment, les projets de Grenoble, Lyon, Toulouse et de Vendée sont des pilotes sur une zone limitée, bien que plus vaste pour la dernière. Les résultats sont très prometteurs et ont permis à différentes entreprises de l’énergie de collaborer entre-elles et avec des collectivités locales ou des particuliers. Michèle Bellon, Présidente d’ERDF, explique : « les équipes travailleront ensemble afin partager les résultats pour ne pas faire deux fois la même chose » dans le cadre du projet Européen Grid4eu, qui réunit les six principaux distributeurs européens.

Verra-t-on bientôt des concurrents s’allier pour piloter intelligemment ensemble des territoires plus vastes à l’échelle de continents ?

 Jean-François Vincentini

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