Le lent déploiement des smart grids en Europe

L’expression « smart Grids », traduite en français par « réseaux intelligents » ou « réseaux communicants » s’est généralisée en Europe en 2004-2005. Un exemple de projet : SOGRID à Toulouse Primé par l’ADEME, le projet SOGRID a été lancé dans la région toulousaine en avril 2013. Ce consortium composé de grands groupes, PME, et centres de recherches se concentre tout particulièrement sur l’intégration d’une puce électronique dans les appareils électroniques. Cette puce permettra une meilleure communication de ces appareils avec le réseau et pourra donc optimiser leurs consommations. « L’importance des énergies renouvelables, les objectifs d’effacement de la consommation ou encore les nouveaux usages imposent de nouvelles communications entre les matériels électriques sur les réseaux », indique Laurent Méric, responsable du projet à ERDF. Les premiers résultats tangibles devraient être visibles en 2014-2015.

Pas de définition standard

Aucune définition standardisée du réseau intelligent n’existe. Selon la Commission de régulation de l’énergie (CRE), « rendre un réseau intelligent » consiste à « intégrer la production décentralisée de sources renouvelables à grande échelle » et à « favoriser une offre adaptée à la demande en mettant à la disposition du consommateur final des outils et services lui permettant de connaître sa consommation personnelle, et donc d’agir sur elle ». Les réseaux intelligents jouent un rôle déterminant dans la « transition énergétique ». Amorcé dans toute l’Union européenne depuis une décennie, un nouveau débat national sur ce sujet s’est ouvert en France en 2012. En favorisant l’interaction entre les différents acteurs (consommateurs, fournisseurs, gestionnaires  de réseaux) des réseaux d’électricité, les smarts grids visent plusieurs objectifs : aboutir à une mutation des réseaux énergétiques européens pour l’intégration croissante des énergies renouvelables; réduire les émissions de CO2 en adaptant les réseaux aux nouveaux modes de consommation, en favorisant l’effacement de la consommation et le stockage d’électricité. En 2013, les Smart grids demeurent encore au stade de la recherche et du développement. Les premières expérimentations commencent à voir le jour et les premiers résultats tangibles sont programmés pour 2014 – 2015. Les « smart meters » ou compteurs électriques communicants (en France l’expérience Linky) sont aujourd’hui la concrétisation la plus avancée des réseaux intelligents. La notion de « super grid » , voisine des réseaux intelligents, répond quant à elle à deux enjeux spécifiques : transporter sur de longues distances l’électricité produite par les énergies renouvelables. améliorer la coordination des mix énergétiques nationaux en tenant compte «des spécificités» des territoires. Le réseau électrique européen doit par exemple répondre au transport efficace de l’énergie produite par l’éolien off-shore sur la côte atlantique ou dans les pays d’Europe du nord, mais aussi des panneaux solaires développés en mer Méditerranée.

Que fait l’Union européenne ?

La Commission européenne ne finance pas directement le déploiement des compteurs et des réseaux intelligents dans les États de l’UE. Elle contribue néanmoins à la recherche dans ce domaine, au travers de programmes-cadres de recherche et développement (PCRD). De nombreuses plateformes, lieux d’échanges, regroupements ou encore consortiums se sont mis en place depuis 2009 au plan européen sur le sujet. Le groupe de travail sur les « Smart Grids » conseille la Commission européenne sur la stratégie de R&D, la cyber-sécurité ou encore la protection des données. « L’initative European Electricity Grid » associe quant à elle 14 entreprises européennes afin de mieux interconnecter les réseaux nationaux. 30 projets, pour un montant total de 2 milliards d’euros, ont été lancés. La mise en place des premiers démonstrateurs doit intervenir en Europe d’ici la fin de l’année 2014.

80 % des consommateurs européens équipés en 2020

A plus long terme, la Commission européenne cherche à fixer des objectifs. La directive relative à l’efficacité énergétique d’octobre 2012 prévoit “qu’au moins 80 % des consommateurs devraient être équipés de systèmes intelligents de mesure d’ici 2020, si la mise en place de compteurs intelligents donne lieu à une évaluation favorable”. Le texte précise en revanche que les Etats sont considérés comme “autorité compétente” pour le déploiement des systèmes intelligents. Les réseaux intelligents jouent un rôle fondamental dans l’effacement de la consommation  (optimiser la demande d’énergie afin de ne pas générer de pics de consommation) pour une production électrique diversifiée et renouvelable. Dans un document connexe, la Commission européenne promeut le déploiement des réseaux électriques intelligents (initiative Smart Grid). Pour Bruxelles, l’harmonisation technique, la protection des données personnelles, des mesures fiscales pour l’efficacité énergétique, une mise en concurrence des opérateurs et un soutien de la R&D sont fondamentaux. La Commission estime que les investissements nécessaires pour le déploiement d’un Smart grid à l’échelle européenne (ou « Super grid » européen) s’élèvent à 270 milliards d’euros pour renouveler les 2/3 des infrastructures d’énergie d’ici 2025.

2030, 2050

Le Livre vert “Un cadre pour les politiques en matière de climat et d’énergie à l’horizon 2030”, présenté en mars 2013 indique que “le déploiement de réseaux intelligents offre des possibilités d’adapter la production, la conduite du réseau, le stockage et la consommation à l’évolution sur les marchés”. La Commission européenne souhaite aussi renforcer la connexion entre les réseaux nationaux. A l’horizon 2050, l’Union européenne considère indispensable l’investissement dans les smart grids par les opérateurs publics et privés pour parvenir à une économie pauvre en émissions de carbone. Compte tenu de l’augmentation de la demande d’électricité des ménages et du secteur tertiaire, les réseaux intelligents pourraient contribuer à sécuriser les approvisionnements par un ajustement de l’offre et de la demande.

France

Côté français, l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME) pilote les programmes de recherches européens, depuis 2010. Ils sont cofinancés par les fonds publics dédiés aux investissements d’avenir, la Commission européenne et des partenaires privés et universitaires. En mars 2013, deux nouveaux programmes ont été lancés : à Lyon sur les « compteurs électriques communicants » et en Vendée sur l’automatisation de l’alimentation des réseaux électriques par les énergies renouvelables.

Lire le dossier complet sur http://www.euractiv.fr/

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