Le projet du tunnel du Niagara : produire en Ontario de l’énergie renouvelable pour le siècle à venir

En mars 2013, après huit années de travail acharné, le plus grand projet hydroélectrique en Ontario de ces 50 dernières années a enfin vu le jour.

Ce nouveau tunnel long de 10km amène des litres et des litres d’eau supplémentaires du fleuve Niagara jusqu’à la centrale électrique Sir Adam Beck. Propulsée par l’effet de la gravité, l’eau avance dans ce tunnel à un débit de 500 m3 par seconde, de quoi remplir une piscine olympique en une poignée de secondes.

La finalisation de ce projet fait la fierté de la région du Niagara et de ses habitants. À tout juste deux heures de Toronto, Niagara offre et conjugue le meilleur de la vie citadine et la tranquillité de la vie rurale. Cette fierté de « posséder » la plus grande centrale électrique en énergie renouvelable vient renforcer un ensemble d’atouts qui fait de Niagara un endroit particulièrement intéressant. La ville est ainsi passée d’une économie basée sur l’industrie à une économie basée sur la connaissance et l’entrepreneuriat.

La centrale électrique Sir Adam Beck fournit près de 8 % de l’électricité de l’ensemble de la province. Le tunnel va ainsi fournir près de 1,6 milliard de kWh supplémentaire d’énergie hydroélectrique renouvelable, soit assez d’énergie pour couvrir une population de 400 000 habitants ou 160 000 foyers (suffisant donc pour alimenter des villes comme Édimbourg ou Dresde par exemple). L’Ontario compte à ce jour 200 centrales hydroélectriques, soit une capacité installée de 8 000 mégawatts, de quoi fournir plus de 3 millions de foyers.

L’Ontario est devenu en quelques années une plaque tournante mondiale des solutions innovantes dédiées aux technologies propres. Le projet du tunnel du Niagara, qui a coûté 1,6 milliard de dollars (soit 1,1 milliard d’euros), fait partie du plan énergie de la province qui vise à produire et utiliser à long terme des sources propres et renouvelables d’énergies : éolien, hydraulique, solaire, biomasse, biogaz… Aujourd’hui, plus de 80 % de l’électricité produite en Ontario provient d’une source propre, et d’ici la fin de l’année, l’Ontario fermera définitivement ses deux dernières centrales à charbon, un an avant la date prévue.

Mais la production d’électricité ne fait pas tout. La province a réalisé un investissement de 1 milliard de dollars (soit 73 millions d’euros) pour bâtir 4,7 millions de compteurs intelligents, l’un des plus grands smart grids installés en Amérique du Nord, et vient tout juste de lancer un investissement de 2 milliards de dollars (soit 1,4 milliard d’euros) pour améliorer son infrastructure smart grid.

À l’instar de la stratégie énergétique à long terme de la province, le projet du tunnel du Niagara est d’une grande ambition : sur l’aspect structurel, sur l’aspect technique. Le but ultime étant de convertir l’eau en énergie à une grande échelle. En effet, on attend de cet ouvrage qu’il puisse fournir les habitants de la province en énergie propre pendant plus de 100 ans, poursuivant ainsi l’histoire déjà centenaire des chutes du Niagara comme fournisseur d’énergie électrique de l’Ontario.

Ce projet est aussi un défi technique. Le tunnel est en effet le tunnel le plus large au monde avec 14 m de diamètre, soit le double du tunnel sous la Manche. Et pour creuser ce tunnel, il fallait la meilleure foreuse. Une fois assemblée, Big Becky, surnom donné par les enfants de la région, d’un poids de 4 000 tonnes et mesurant 150 m de long et 14,4 m de large, fait la taille de 4 étages d’un immeuble. Big Becky a dû abattre et broyer plus de 1,7 million m3 de roche, assez pour remplir 100 000 camions-bennes. Ses 85 disques pouvaient couper jusqu’à 2,5 m de roche par heure.

En plus des emplois créés, la région a pu bénéficier de retombées estimées à près de 1 milliard de dollars pendant le temps des travaux, et à son pic près de 600 personnes étaient directement liées au projet. De nombreux défis ont parsemé le parcours de ce projet. La machine et les hommes ont subi des conditions extrêmes : la pression in situ, les eaux souterraines, la roche, les pentes escarpées… Démarré en septembre 2006, Big Becky a atteint la fin du tunnel en mai 2011. Il était alors temps de passer à la phase II du projet, à savoir l’installation de la membrane imperméable et des 400 000 m3 de revêtement.

Avec la mise en production du tunnel du Niagara, l’Ontario se rapproche de son objectif de production de 9 000 mégawatts d’énergie hydroélectrique d’ici 2018 et a réussi à créer une source fiable, propre et renouvelable d’énergie pour ses habitants. Un fait significatif qui permettra de fournir une énergie propre pour le siècle à venir.

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