Après le succès mitigé du GPL (Gaz de Pétrole Liquéfié), c’est au tour de l’énergie électrique de tenter de bousculer la domination sans partage des carburants dits ‘classiques’. Mais avec des arguments aussi sérieux, l’or noir pourrait bien perdre un peu de son éclat.
Un parc automobile en plein bouleversement
Après les Jupettes, Balladurettes, Sarkozettes, ce seront sans doute les Hollandettes, même si elles n’ont pas encore été officiellement baptisées. Le marché automobile a été dopé avec des primes de l’Etat pour rajeunir le parc : jusqu’à 6300€ peuvent ainsi être reçus pour l’achat d’une voiture qui émet moins de 20g de gaz carbonique au kilomètre : un marché « par essence » réservé exclusivement à l’électrique. Stigmatisées et rejetées en dehors des centres-villes, les voitures sont en train de se refaire une image et une virginité.
Mais contrairement à la transition douce vers le GPL, il ne s’agit pas cette fois simplement de changer de combustible, mais de changer de mode de propulsion. La voiture électrique propose une technologie différente pour un usage différent. Si l’autonomie est toujours montrée du doigt comme le principal point noir de ce saut technologique, les professionnels du secteur mésestiment souvent ses qualités : fiabilité, confort, souplesse d’emploi, coût d’entretien, etc.
Le mécano du coin s’électrifie
Renault est le premier constructeur français à avoir pris la mesure de cette évolution. Avec le lancement de sa Zoe (comprenez voiture ZerO Emission), l’enseigne a dû anticiper toute la maintenance et revoir son service après-vente. Une formation spécifique a vu le jour pour inculquer les fondamentaux de l’électrique aux mécaniciens de demain, déjà rôdés à la place grandissante prise par l’électronique. En France, toutes les concessions Renault possèdent ces mécaniciens électriques. Mais si le niveau de formation augmente, l’entretien est lui plus simple. Le moteur est en fait une pile à combustible rechargeable, la liaison au sol reste classique, avec un entretien basique. Mais plus de vidange, ou de changement du kit de distribution : les fréquences d’intervention sont donc espacées et par conséquent, le coût au kilomètre pour le poste entretien s’avère beaucoup moins élevé que sur une voiture à moteur thermique.
Adieu, pompe à essence ?
Les habitudes des automobilistes évoluent avec l’électrique. Il faut désormais penser à recharger la batterie, plutôt que de faire le plein. La différence est simple : l’opération s’effectue en temps masqué, au moment du stationnement. Et si le nombre de bornes de chargement constitue pour l’instant le talon d’Achille du système, cette question évolue elle aussi à grande vitesse. Au même titre que les autres véhicules (pensons aux deux-roues et aux vélos par exemple) les voitures électriques commencent à avoir leurs parkings spécifiques, avec certaines facilités d’encouragement comme le stationnement gratuit et la recharge électrique (pour l’instant) gratuite.
En France, la création de points de recharge s’intensifie. La demande, notamment de Renault, en la matière est forte. Comme l’affirmait avec insistance Thierry Koskas, ancien Directeur du Programme Véhicule Electrique de Renault SAS (remplacé depuis par Béatrice Foucher), « les recherches de partenaires pour installer des infrastructures électriques de rechargement sont essentielles pour la transition vers des véhicules électriques ». Pour avancer dans cette voie, Renault s’est associé à Cofely-Ineo, une filiale de GDF-Suez. Compte tenu des besoins exprimés à la fois par les constructeurs automobiles, les collectivités territoriales et les communautés de communes, Cofely-Ineo a par exemple équipé les villes d’Angoulême et de Dijon de bornes de recharges électriques.
Le succès est déjà au rendez-vous, et les automobilistes n’ont pas tardé à s’approprier les lieux. Les équipes locales de Cofely Ineo, expertes en termes de mobilité et d’aménagement urbain, ont permis à ces villes de bénéficier d’un service tout-en-un, l’entreprise constituant l’interlocuteur unique pour l’ensemble des services dédiés aux voitures électriques. Les rotations de voitures se succèdent désormais pour le stationnement-recharge aux endroits stratégiques de la ville, pour ceux notamment qui ne disposent pas d’un garage où se brancher.
Machine à laver et voiture : même cordon ombilical
Mais c’est chez soi que la voiture électrique est destinée à se recharger le plus souvent. Dans le garage, la voiture péri-citadine côtoie la machine à laver ou la cave à vin. Les deux se branchent sur la même prise. Cofely-Ineo s’est rapproché d’Electrabel, une autre filiale de GDF-Suez pour créer un produit intelligent, la smart energy box, sachant gérer l’électricité au meilleur prix à la maison. Pas besoin d’y penser ou de se relever la nuit, pour payer l’électricité bien moins chère. Le système est personnalisé : tous les gros appareils électriques sont pilotés, du lave-vaisselle à la voiture électrique. Et le coût de la recharge est minimisé.
Le développement de ces produits « Smart Home », associant, internet, énergie et domotique, a d’ailleurs pour conséquence d’amener les fournisseurs d’accès à Internet (FAI) à s’aventurer sur le marché de l’énergie domestique : Bouygues Télécom et Ijenko proposent ainsi un couplage de la box internet et d’une « box énergie ». Orange, SFR et Free sont sur les rangs pour proposer des offres similaires. EDF, via sa filiale Edelia, s’intéresse également à ce marché d’avenir, que l’entreprise ne souhaite pas laisser aux FAI.
Une France partante pour la motorisation électrique
Du garage ou de la place de parking jusqu’à la destination, tout se met progressivement en place pour la voiture électrique : même les stations Total se mettent à proposer des recharges électriques. Technologiquement parlant, l’autonomie est déjà suffisante pour envisager des déplacements péri-urbains en France.
Il s’agit autant d’une révolution technologique que comportementale. Et si Total a équipé une partie de la Belgique, La France a des atouts à faire valoir en déplacement électrique, et peut devenir une référence pour tous les usages, qu’ils soient personnels ou professionnels. Et si constructeurs, énergéticiens et installateurs-distributeurs avancent de concert, c’est toute la voiture électrique mondiale qui s’offre à eux.
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