- La loi de transition énergétique vat-t-elle avoir un impact sur le marché des smart grids ?
La loi de transition énergétique devrait avoir une forte incidence sur le développement du marché des smart grids. Mais il va falloir attendre sa version finale pour mesurer précisément son impact.
Cependant il est déjà prouvé que le développement des énergies renouvelables et de l’autoconsommation entraîne des changements colossaux sur les réseaux de transport et de distribution électrique et gaz. Nous passons d’un système centralisé à un système décentralisé : la production peut venir de n’importe où, et non plus uniquement d’unités centralisées et doit pouvoir non seulement s’intégrer sur le réseau mais aussi alimenter d’autres consommateurs.
Le consommateur résidentiel est en effet en pleine évolution sur l’autoproduction et l’autoconsommation. Au vu de l’augmentation régulière et inévitable de l’électricité, le consommateur s’interroge sur le montant de ses futures factures électriques et se demande comment en limiter la hausse. Plusieurs options sont envisageables :
- Consommer mieux en mettant en place des outils d’efficacité énergétique
- Consommer moins, soit en diminuant son confort (mais au vu des résultats des expérimentations, cette option est difficilement envisagée ou en tout cas non pérenne), soit en s’effaçant, en annulant sa consommation lors d’une période de pointe, soit en la reportant.
- La 3ème option consiste à produire de l’énergie (solaire, éolien, géothermie,…) pour sa propre consommation. Hormis le choix de l’énergie renouvelable, se pose également la question du stockage de l’énergie produite. Comment stocker cette énergie, afin de la consommer au moment souhaité ? Il est vrai que la voiture électrique apparait comme une solution intéressante, mais d’autres solutions abordables financièrement vont-elles arriver sur le marché ? Elon Musk, fondateur de PayPal, Telsa et Space X se lançant dans la batterie à usage domestique, va-t-il révolutionner le marché de la batterie ?
Au-delà de cette réflexion individuelle, nous devons avoir une vision au niveau du quartier, voire à une échelle plus grande, pour s’orienter vers le partage de l’énergie, la mutualisation des ressources et des solutions de stockage. L’énergie produite pourrait ainsi s’échanger entre le résidentiel, le tertiaire, et pourquoi pas l’industriel. De plus en plus d’expérimentations se développent dans ce sens, j’espère que les consommateurs vont être de plus en plus nombreux à s’approprier ces attitudes de production et de consommation locale. Certaines collectivités, telles la Région de Bretagne ont mis en place des boucles locales d’énergie, dont je trouve la dénomination très pertinente.
- Une autre actualité cette année pourrait avoir un impact sur le marché des smart grids : comment voyez-vous la COP 21 avec votre prisme « smart grids » ?
La COP 21 se déroulera à Paris à la fin de l’année, et ce n’est pas anodin pour le marché des smart grids ! Du fait que la COP 21 a lieu chez nous en France, nous devons montrer l’exemple. Nous ne sommes pas si mauvais que cela sur ce chapitre, mais nous avons quelques leviers d’actions non négligeables. L’AIE a réalisé une étude sur l’impact environnemental des smart grids, révélant que certaines solutions pouvaient participer à la diminution des gaz à effet de serre et influencer positivement le « dérèglement climatique » que nous vivons.
Espérons que les actions décidées lors de la COP 21 donneront des ailes à notre filière !
- Vous parlez de la filière smart grids : quelle réalité a-t-elle et quelles perspectives en France mais aussi à l’international ?
Depuis les 34 plans de la Nouvelle France Industrielle lancés par Arnaud Montebourg, il est intéressant et révélateur de constater que certains d’entre eux ont perduré au-delà du Ministre. Celui sur les REI, Réseaux Electriques Intelligents, a été porté par Dominique Maillard de RTE, missionné dès l’origine, mais aussi par d’autres acteurs de la filière : ERDF, ALSTOM, SCHNEIDER ELECTRIC, mais aussi des académiques et des institutionnels : la DGE, DGEC, l’interpole SmartGrid France.
10 actions de ce plan ou plutôt feuille de route REI ont été définies et commencent à se mettre en place. Il est prévu avant la fin du mois d’avril que la filière se structure afin de fédérer les acteurs de cette filière. Hormis les incontournables champions français, les PME et start-up sont invités à rejoindre ce regroupement pour vraiment porter cette filière.
D’ailleurs nos champions comme nos start up sont déjà bien présents à l’international ! Le marché y est souvent plus facile, avec une réglementation moins stricte ou moins mouvante…
- Le marché subit-il une révolution avec l’arrivée du numérique dans l’énergie ou au contraire cela va-t-il lui être profitable ?
Le marché traditionnel de l’énergie se fait chahuter depuis quelques années maintenant par les acteurs du numérique, qui cherchent à rentrer sur ce marché en espérant trouver pour eux de nouveaux débouchés ! Cela remet certes en cause le business model pour beaucoup d’acteurs, mais probablement est-ce la condition de survie sur ce marché…Certaines utilities étrangères ont réalisé que s’ils ne changent pas, dans 10 ans ils seraient morts. A suivre donc les évolutions dans les offres des producteurs et fournisseurs d’énergie.
Le marché français se fait davantage secoué actuellement avec l’arrivée de NEST, CISCO et FACEBOOK. La peur de ces grands acteurs américains va secouer notre écosystème, j’espère positivement. A nos champions et nos start-up de surprendre et d’innover !
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